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Miguel Fuerte

En chute libre, le soleil zébrait de teintes chatoyantes les reliefs du firmament. Les ombres s’allongeaient, progressaient sur les sentiers creusés, les boyaux sinistres de la périphérie. Elles cherchaient à pénétrer les murs lézardés, les rainures des volets, les panneaux des portes en bois.

Elles occupaient les patios des gargotes et des débits de boisson.

Attablés en terrasse, les ouvriers trinquaient à loisir, riaient aux éclats ou claquaient les fesses de jeunes serveuses préposées au service de nuit. Des spectacles de rues égayaient les masses endiablées. Des vendeurs à la sauvette s’immisçaient sans prévenir parmi les groupes d’habitués, promulguant les bénéfices supposés du port d’une amulette magique, de la consommation d’une lotion tonique ou d’un procédé aux vertus miraculeuses. Ils recommandaient aux amateurs des coffrets gravés du symbole de l’aspic. L’irruption momentanée de ces passagers clandestins, l’insistance suspecte de certains de leur représentant débouchaient sur de féroces empoignades. Conduit par l’alcool, les chalands n’hésitaient pas à déloger d’une botte les rétifs, au plus grand bonheur du reste de la clientèle. Peu soucieux du sort de loqueteux en mal d’audimat, les patrons des rades préféraient se tenir à l’écart de ce type d’altercation.

— Une déveine amoureuse ? Un employeur tyrannique ? Des dettes de jeux ? pérora un petit homme voûté à barbe fourchue. Un cache-nez dissimulait les vestiges de son appendice nasal « Talisman contre la guigne, mon bon ami. Article de première main. Efficacité garantie. »

Négligeant la parole du bonimenteur, Miguel porta à ses lèvres un bock d’étain rempli à ras bord, avala cul sec. Le conteneur reposé sur la table, il jura. Mal à l’aise, l’orateur compléta son discours, convaincu de ferrer le poisson. Le butor ne l’écoutait pas. Sur le qui-vive, triturant son long bouc hirsute, il sirotait un breuvage imaginaire. Sa respiration saccadée, le teint rougeaud de ses pommettes dénotait d’une ivresse déjà consommée, ou d’une course folle. La cigarette coincée entre ses doigts nus grésillait. Sur ses jointures brillaient des plaques sanguinolentes.

— Qu’est-ce que tu fiches ici, toi ? T’as un problème ?

— Je… Euh… Non, pas du tout, s’embrouilla le charlatan, déstabilisé. « Pardonnez-moi, mais vous n’avez pas l’air dans votre assiette. Aussi, je me permets de vous déranger une minute. La chance vous sourit, mon ami, si j’ose dire. Je propose ce soir des talismans contre la guigne. »

Sur quoi, il dégagea le col de sa chemise, révélant les traits d’un collier nanti d’une gemme rutilante. « Voyez, j’en use moi-même au quotidien. Je puis vous assurer de son efficacité ».

— Il s’agit d’un charme dit supérieur, lequel produit de l’éther blanc et renforce le magnétisme intrinsèque de votre organisme. En d’autres termes, il vous protège des émanations néfastes du malin. D’un prix modique, ces pierres ont subit un…

— Je t’arrête tout de suite, trouduc. J’en ai rien à secouer de ton baratin. (Silence) Ça fonctionne ton truc ? Oui ou non ?

— Oui.

— Combien ?

— Cinq… Je veux dire, quinze bronzine. Je te fais un rabais.

— File m’en trois. Dépêche. Je décolle, là.

Le montant versé, le butor enfila coup sur coup les trois colliers, régla sa note. Il quitta d’un bond la terrasse.

Les mains fourrées dans les poches, son bonnet abaissé jusqu’aux lobes de ses oreilles, Miguel sillonnaient la campagne. Un couple d’adolescents se sépara à son approche. Des filles de joie l’interpelèrent. Sans résultats. Au détour d’un carrefour bondé, il renversa sans s’excuser un coursier affairé au transport de courriers postaux. Fauve farouche, il jetait par-dessus son épaule des regards angoissés, scrutait les badauds, pressait le pas. Les pierres amassées autour de son cou s’entrechoquaient. La présence de figures familières, le timbre de voix connu de quelques locuteurs distants le poussaient à revoir sans cesse son itinéraire.

Il errait seul, sans logis, à la recherche d’une échappatoire.

À couteaux tirés avec la plupart de ses créanciers, ses récents exploits lui avaient valu de décrocher la timbale. Il était la cible d’une battue. Les hommes du Greffier lui donnaient la chasse.

Il avait appris la nouvelle le soir même, évitant par la même un traquenard tendu à son intention. Les agents du prêteur sur gages campaient les abords de son pâté de maisons. Des gorilles dépêchés sur place interrogeaient ses voisins. Les chiens. Ils témoignaient sans pression. Sans doute jubilaient-ils à l’idée de sa disparition. Il avait reconnu d’emblée la silhouette musculeuse de Tronco. La réaction exagérée du maçon d’en face, qui avait crié son nom, avait éventé l’affaire. (Cette balance récolterait au centuple les fruits de sa déclaration une fois le quiproquo résolu) Certes, il avait filé la queue entre les jambes, jetant à bas les étals, bousculant dans sa fuite quiconque se dressait sur sa route. Il était fauché comme les blés. Aussi, négocier ne changerait rien à sa situation. Pire, il ne connaissait que trop bien la nature des traitements réservés aux mauvais payeurs. Il était parvenu à semer ses poursuivants, s’était accordé un remontant à la terrasse de cette gargote miteuse. Il doutait au fond des bienfaits vantés des trois talismans achetés à prix d’or, mais se refusait à croire à leur complète inaction. De puissantes reliques existaient de par le monde, préservant, parait-il, leur propriétaire des calamités. Serait-ce trop demander de disposer du modèle d’en dessous ?

Une idole bas de gamme, pourvue d’une quantité négligeable d’énergie spirituelle. Bref, une protection, même lacunaire.

Le hululement d’une chouette retentit au loin. Dérobé à la vue des passants, Miguel s’adossa contre la façade d’une enseigne abandonnée. Il expira tout son saoul, fourragea à l’intérieur de sa sacoche. Le crépitement du briquet à silex éclaira par flashs successifs son visage patibulaire. Une énième cigarette s’enflamma entre ses dents. Il aurait payé cher pour obtenir un entretien avec le Greffier, une chance de s’expliquer, de défendre son cas en hauts lieux. Il ne s’agissait au bout du compte que d’un regrettable accident. Le prélèvement réalisé sur les recettes du groupe avait suivi un raisonnement selon lui implacable. Il avait entrepris de morceler les fonds, puis de les présenter en secret à la table de jeu du Trullo. Confiant quant à ses capacités, persuadé de sa bonne fortune, il songeait alors amasser un pécule important, suffisant à éponger ses dettes, voir à se constituer une épargne flambant neuve. Mais il avait tout perdu. Tout. Il se reprochait son geste à présent, qu’il jugeait d’une stupidité sans nom. Il aurait préféré encore dîner en compagnie du diable en personne.En mouvement de nouveau, il gravit un léger talus, emprunta un réseau de raccourcis réputé des seuls adeptes. Pas un réverbère n’éclairait ces gorges étroites. Les ténèbres grandissantes assureraient sous peu son anonymat. Le cri d’une chouette résonna au nord.

Une autre chanta à l’ouest.

Une autre encore piaillait derrière lui.

Il dressa l’oreille. Un geyser d’un blanc nacré jaillit de ses deux narines. La fréquence des cris, leur emplacement titilla ses pensées. Une bise glacée souleva ses vêtements. Un code…

« Merde. Merde. Merde ». Il accéléra la cadence, multiplia les crochets, les demi-tours, les subterfuges. Il s’embrancha par surprise, dévia sur la gauche, rebroussa chemin, de sorte à détaler en sens contraire. Le hululement des oiseaux redoubla. La disposition des signaux le renseignait sur la stratégie ennemie. Par expérience, il visualisait les détachements postés à chacune des issues, et déduisit la relative faiblesse des équipes formées. Ils ne tarderaient pas à le localiser. Les foulées rapides de ses détracteurs piétinaient à deux rues, si bien qu’il résolut de forcer le passage.

Surgissant du dédale de galeries sinueuses, il étourdit d’un galet un éphèbe en plein dialogue, acheva son œuvre par un violent uppercut.

— Bouge pas, coco. On va s’occuper de ton cas, pesta le chef de bande, un hercule au physique disgracieux. « IL EST LÀ, LES MECS ! »

— Ta gueule ! Allez vous faire enculer, aboya Miguel, aux abois.

Hors d’haleine, il évita d’un cheveu un crochet meurtrier, empoigna par le col un type au crâne rasé. Il fracassa son visage contre son genou. Un pas chassé doublé d’une balayette brisa la charge d’un échalas en marcel, lequel s’étala de tout son long. Une main plaquée sur le front, l’œil enflé, injecté de sang, l’éphèbe tituba à sa rencontre. Scène burlesque, tragique d’un gosse entré trop tôt au service des gangs locaux. Miguel intima au garçon de débarrasser le plancher en vitesse, ordre exécuté aussitôt. Il se détourna, disloqua d’une botte la rotule du type au crâne rasé, acheva l’échalas resté au sol. Il encaissa un direct à l’estomac de la part du chef de bande, roula sur le dos, déséquilibra d’un coup de pied la carrure imposante de son opposant, qui chuta à son tour. Une prise de soumission lui permit de neutraliser le meneur adverse. Dès lors, celui-ci fut battu comme plâtre. L’hercule supplia. Il récolta en prime un mégot brûlant inséré de force à l’intérieur d’une narine. Les gémissements ténus de ses compagnons accompagnèrent son martyr.

— « Je m’en vais m’occuper de ton cas », c’est bien ça ? imita le butor, assis à califourchon sur le corps du vaincu, il bouchait du pouce le canal fumant. « T’es un bon, toi, je te jure. Un as parmi les as. Qu’est-ce que tu croyais, petit poulet, que t’allait te farcir un coq de combat ? Toi et tes potes vous comptiez toucher le gros lot en rentrant, c’est ça ? Manqué, face de rat. T’aurais mieux fait de rester couché ! »

Deux sections conjointes débarquaient sur les lieux.

« QUOI, IL Y A UN PROBLÈME ? QU’EST-CE QUE VOUS REGARDEZ, ENFANTS DE PUTAIN ? VOUS VOUS BRANLEZ LES COUILLES EN ATTENDANT LE DÉLUGE OU QUOI ? » brailla-t-il, triomphant, à l’adresse des renforts. Il cracha à la face du malheureux bouc émissaire, condamna la perte d’une cigarette neuve. « BOUGEZ-VOUS LE DERCHE. SORTEZ L’ARGENTERIE. Il Y EN AURA POUR TOUT DE MONDE ! »

La nuit tombée, la lumière tamisée des lampadaires jalonnait la voie. Les falotiers remisaient leurs outils. Fort d’une avance considérable, Miguel bascula par-dessus un parapet, emprunta un couloir interminable, puis pénétra l’arrière-cour du Râtelier des Braves. Il martela l’entrée de service, (deux coups puissants, un faiblard) enfonça presque la porte du quartier général des Écuyers.

Aussi sec, la vigie railla la conduite du retardataire. Miguel dirigea sur lui un masque bardé d’entailles, d’ecchymoses et de contusions. Il renifla. Son oreille gauche dégouttait. Une empreinte de sang maculait sa chemise de corps flétrie. Il hésita à lui rétorquer qu’il n’était pas d’humeur à plaisanter, qu’une intense douleur lui battait les tempes.

Un attroupement se forma autour de lui.

« La vache, qu’est-ce qui t’est arrivé, Fuerte ? Une bagarre ? ; c’est quoi ces colliers ? ; t’as gagné, rassure-moi ? ; on parle de Miguel, les gars. J’ose même pas imaginer la gueule du mec d’en face »

Rassemblée par îlots, les habitués éclusaient des chopes autour de table à tréteaux. Des débats animés confrontaient l’avis tranché de fervents admirateurs. Au fond de la salle, il repéra la choucroute de Kab. Le colosse devisait en privé avec Sabio. Il semblait mécontent. Une ovation en provenance de l’arène de combat le renseigna sur la tenue d’un tournoi. Accoudé au bar, en dessous de l’antique gouvernail gravé des initiales de la brasserie, il commanda un rafraîchissement. Le vieux Duen le cuisina, l’air de rien. « T’es sûr que ça va, mon gars ? s’enquît-il. J’ai un bon copain qui travaille au dispensaire, il pourrait te recoudre. Ça va finir par s’infecter ton truc, là. »Le butor opina, sans conviction. Sa consommation absorbée, il quitta le comptoir, s’installa seul, une caisse à ses pieds.

Il consulta une brochure promotionnelle, tira de son paquetage un condensé des meilleurs commentaires sportifs. Des vertiges minaient sa concentration. Les conversations alentour l’irritaient. Ils ne l’avaient pas raté, les bâtards… L’œil torve, son attention portée à quelques frivoles distractions, il manqua chuter de son tabouret à l’écoute du timbre de voix flûté du dénommé Copa. Il se détourna en direction de l’entrée de service.

— Miguel. Miguel Fuerte, vous dites, s’écriait la vigie, les bras en croix. « Oué. Il est là. Qui le demande ? Ça me regarde, si. Hey, vous vous croyez où, à la brasserie du coin ? C’est une réunion privée, ici.

« Putain. Jamais vous lâchez l’affaire, vous », grommela Miguel, à part lui. Il assista à toute la scène, campée sur son support.

Le chahut, les acclamations enjouées des clients cessèrent. La vigie conseilla au nouveau venu de modérer ses ardeurs. Le dandy insinua qu’il serait regrettable d’engager les hostilités, qu’il se reprocherait la perte d’un si bel établissement. Sabio intervint. Il clopina jusqu’à l’entrée, accompagné de Duen et Kab. Son escorte arracha une moue contrariée à l’homme de main, qui renouvela ses exigences.

— Loin de moi l’idée de remettre en cause vos accusations, cher monsieur, mais je n’en ai cure, déclara Sabio sans ambages. « Les problèmes de Miguel ne sont pas les miens, pas plus que ceux du reste de la communauté. (Il congédia la vigie, ajouta :) Je ne vous tiendrais pas rigueur des menaces prononcées à l’endroit de ce jeune garçon. Gardez à l’esprit toutefois que les Écuyers appartiennent à la coalition du sud. Nous entretenons de parfaits rapports avec nos suzerains, les Aigles. Aussi je vous déconseille d’envahir cet avant-poste. »

Une mobilisation massive accentua cette assertion. Les recrues en plein dépouillement se regroupèrent sous la houlette des chefs de bataillon. Les habitués remirent à échéance leur contentieux. Les combattants toujours en lice s’alignèrent en pôle position. Plastrons ornés de paille sèche et casques sanglés brillaient à la lueur des candélabres.

La gestuelle sentencieuse des adhérents garantissait de cuisantes représailles à qui s’essaierait à contredire la parole du président.


Le retrait rapide des intrus, l’avertissement haineux proféré avant leur départ galvanisa les troupes. La majorité porta en triomphe le responsable et ses lieutenants. Le vieux Duen offrit à ses frais une tournée générale. Chacun s’en retourna à ses activités. Les joutes reprirent dans l’arène, les débats au comptoir. Le dépouillement suivit son cours. Les langues se délièrent dès lors. Des remarques, des critiques, des commentaires s’échangèrent entre collègues. La rumeur allait bon train.

Miguel abandonna ses magazines. Il se permit une escale en cuisine, où l’attendait une assiette garnie ménagée à son intention.

Comme il déchirait à pleines dents les contours d’un quignon de pain, Kab s’installa à sa table, chercha ses mots, embarrassé. Il lui proposa de l’héberger chez lui, le temps de trouver une solution.

Il refusa net, changea de sujet.

Le président l’interpela. Il souhaitait s’entretenir avec lui, en privé. Sur ses talons, Miguel gagna la réserve du Râtelier, un local clos, destiné au stockage des aliments. Plusieurs tentures accrochées au plafond scindaient cet espace réservé au personnel.

— Bon, je vais pas y aller par quatre chemins, grinça Sabio, sans se départir de son flegme naturel. « T’as merdé, Mig, vraiment. Tes histoires d’argent, je les connais, tout le monde les connaît. Mais que tu traînes ça jusqu’ici, je peux pas l’encaisser. Je devrais t’exclure, tu sais. T’as conscience du poids de ce gars-là ? Le Greffier pourrait nous balayer en un claquement de doigts. Il va peut-être le faire d’ailleurs, après la veste que j’ai mis à ses gorilles. Comme si les Aigles allaient nous couvrir… »

— Sauf ton respect, président : mêle-toi de ce qui te regarde.

— Je te demande pardon ?

— T’as très bien compris. Je t’ai rien demandé, rétorqua le butor, partagé entre rage et ressentiment. « Si ça t’emmerdait tant que ça de me tirer de là, t’avais qu’à passer ton tour. Maintenant, si tu permets, j’ai de la lecture qui m’attend. Et j’ai la dalle. »

Il s’apprêtait à franchir le seuil du local lorsque son interlocuteur formula un rappel à l’ordre. Le ton monta.

— J’essaie simplement de te protéger, Miguel. En tant qu’ami. Pas la peine de jouer les loups solitaires.

— Ça aurait été quelqu’un d’autre, n’importe qui t’entend, t’aurais pas hésité une seconde à le livrer en pâture à ces gars ! T’aurais prétendu agir en vertu du code, explosa l’intéressé. « T’as besoin de moi. T’as besoin d’un receleur, et t’es prêt à tout pour le conserver ! T’as toujours fonctionné de cette façon, mon pote, alors épargne-moi tes leçons de morale à deux ronds. Ça prend plus depuis longtemps avec moi ! »

Il parlait fort, il hurlait même, tant et si bien qu’il ameuta progressivement toute la salle. Il se heurta bientôt au reste de la bande.

Acculé par la foule, il envoya sur les roses Sabio, le vieux Duen, puis Kab, qu’il qualifia ouvertement de « grand con amorphe ». Les Écuyers conspuaient son ingratitude. Les hommes de son propre bataillon l’invitèrent à présenter des excuses, ou quitter les lieux sur-le-champ. Il opta pour cette seconde alternative.

Contournant le colosse à la peau noire, il parcourut au pas de course le salon, ramassa ses affaires. Sabio s’attacha à arrondir les angles. En vain. Sa décision était prise. Il partait, que ça lui plaise ou non. En outre, il déclara souhaiter régler son compte à Copa le soir même, voir à rendre une petite visite au Greffier en personne, pourquoi pas. Il en chierait dans ses braies, une fois coupé de ses maudits gardes du corps. Son sac sur l’épaule, sa chemise en lambeau, il coiffa son bonnet, cracha à ses pieds, sur le sol de terre battu.

Comme il gagnait la sortie, il esquissa un geste odieux en direction de l’assistance. La vigie s’écarta de son chemin. Kab s’interposa. Les deux frères d’armes se jaugèrent en silence.

— Attends, toi, tu comptes me retenir ? pouffa Miguel, « sans déc, ton contremaître te met la misère, tu laisses des ploucs te passer à tabac et un vulgaire ivrogne diriger ta vie. Qu’est-ce que tu vas faire pour m’en empêcher ? Me foudroyer du regard ? Sérieux… Je te reconnais plus. Une vraie limace dans un corps d’acier. Dégage, pauvre tâche ! Et t’avises pas de me coller au basque, ou par le diable, je te jure que je te fais la peau. »

Kab entreprit de répliquer, mais ravala ses paroles. Il consentit au bout du compte à libérer son ami.

Dehors, Miguel disparut, comme englouti par les ténèbres.

Vous lisez l’édition Live de CHARNIER, , de Le Roi Hurleur. CC BY-NC-ND 4.0
Dernière mise à jour du chapitre : 2025-07-23 (révision : -non défini-)
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